Derrière l’objectif : Jacob Clark

Pour Jacob Clark, la photographie de voyage et de tourisme est plus qu’un moyen d’expression permettant d’immortaliser la beauté visuelle, c’est une façon de comprendre le monde comme un habitat qui demande que nous en prenions soin et qui mérite d’être préservé.

Ce n’est pas difficile d’imaginer pourquoi quelqu’un serait inspiré à saisir les superbes panoramas au sommet d’une montagne canadienne avec des amis, encore plus au coucher du soleil.  Pour Jacob Clark, ce qui l’a attiré vers la photographie, c’était de mettre en valeur ces moments furtifs. « J’adorais immortaliser des moments sur le vif, comme des randonneurs en montagne qui rient après qu’un des membres du groupe a laissé échapper sa bouteille d’eau. »

Le passage de photographe amateur à professionnel n’a pas été sans embûches.  « Une nuit, une gigantesque aurore polaire traversait le ciel de Calgary. Elle brillait si fort qu’on pouvait l’observer depuis le centre-ville à l’œil nu. C’était comme si tout le ciel était illuminé. » Comme tous les autres photographes qui se trouvaient à quelques kilomètres de là, Jacob a attrapé son sac de matériel photo, a loué une voiture et s’est dirigé vers les montagnes. « J’ai configuré mon appareil photo et sorti mon trépied. Les conditions étaient parfaites. » Même si la météo était de son côté, la vie avait d’autres plans. « J’ai regardé à l’arrière de mon appareil photo et j’ai vu une petite notification indiquant qu’il n’y avait pas de carte SD. C’était l’aurore polaire la plus époustouflante que j’ai vue, mais je n’ai pas pu la prendre en photo. »

Maintenant que Jacob est photographe de voyage professionnel, une époque où il semble que les incidents de bagages perdus font régulièrement les manchettes, il a mis en place des systèmes pour éviter de rater quoi que ce soit.  « J’ai des listes de vérification que j’utilise lorsque je voyage à l’étranger. Je transporte toujours des cartes SD et des piles supplémentaires.  Tout le matériel est indiqué sur une liste et étiqueté. »

Bien que l’élément humain puisse amplifier les sentiments de connexion et de communauté, il peut également constituer un défi quand on saisit des clichés dans une zone touristique achalandée (il suffit de voir la tendance en ligne de comparaison entre Instagram et la réalité pour le constater). Cependant, Jacob recommande d’utiliser les outils que vous avez sous la main, que ce soit un arbuste ou un téléphone intelligent. « Je pense qu’une des meilleures choses à faire est de trouver un élément d’avant-plan. Un arbre, le sol ou des feuilles… Il suffit de trouver quelque chose sur lequel rapprocher son appareil photo et de l’utiliser comme couverture pour cacher les éléments indésirables d’une scène », indique-t-il.  « Parfois, vous pouvez utiliser votre téléphone comme miroir et obtenir un bel effet de réflexion, si c’est le seul appareil que vous avez sous la main. » Si vous comptez retravailler vos photos en postproduction, n’oubliez pas votre trépied. « Saisissez plusieurs images sur une courte période, puis empilez-les dans Photoshop. »

Un médium qui fait du bien

La photographie est un moyen d’expression puissant qui a une incidence non seulement sur les observateurs, mais aussi sur les sujets photographiés. Dès ses débuts, Jacob réalisait beaucoup de portraits.  « Quand je prenais le portrait d’une personne, je lui montrais l’arrière de mon appareil photo. Chaque fois, elle fondait en larmes. Tout le monde était touché par leur photo. C’est génial de pouvoir montrer aux gens leur apparence sous leur meilleur jour. »

La photographie peut aussi être utilisée comme moyen de sensibilisation aux enjeux sociaux, voire comme outil de défense d’une cause. Les photos ont le pouvoir de saisir un moment dans le temps et de raconter une histoire, ce qui peut inspirer le changement et motiver les gens à agir.  Chaque emplacement requiert une approche en particulier. Jacob encourage les photographes à consulter les gens du coin ou des spécialistes pour mieux comprendre le contexte culturel ou social d’un lieu avant de le photographier.  « Nous travaillons beaucoup avec l’Association touristique autochtone du Canada et Indigenous Tourism Alberta. Il est essentiel de mieux comprendre l’incidence des images que vous saisissez et leur importance sur le plan culturel. » 

Les photographes qui s’aventurent dans la nature doivent changer leur façon de voir les choses, surtout si leur envie de saisir la photo parfaite les amène à négliger la préservation des lieux. Jacob veut se porter à la défense des créateurs. « Je veux laisser une marque en permettant aux créateurs de connaître la valeur de leurs créations. » 

C’est pourquoi sa participation au Laboratoire de création de Canon s’est avérée une leçon d’humilité et une expérience enrichissante. « À titre d’ambassadeur de la marque, d’éducateur et d’animateur, j’ai pu, au cours des dernières années, faire partager mon expérience et tisser des liens avec d’innombrables créateurs passionnés au pays. En favorisant un environnement d’enseignement collaboratif et stimulant ainsi qu’en offrant un accès libre à du matériel de photographie Canon de qualité professionnelle lors d’événements en personne, le programme a offert des possibilités infinies en transformant la vie et la carrière de nombreux photographes en herbe. Je suis reconnaissant d’en avoir été témoin. »

Jacob pousse également les photographes à mettre en pratique le principe « ne laissez aucune trace », qui encourage les photographes à réduire au minimum leur incidence environnementale en adoptant le mantra suivant : « Les photos sont les seules choses que nous prenons; nos empreintes, les seules choses que nous laissons. »  Dans les lieux où vous mettez le tourisme en valeur, le but implicite est d’attirer plus de gens. « S’il y a des limites, elles sont là pour une raison », a déclaré Jacob.  Selon lui, il s’agit aussi d’une occasion de faire preuve de créativité. « Des gens vont se rendre au-delà des limites simplement pour obtenir la photo parfaite. Ça n’en vaut pas la peine. Il y a tant d’autres choses à prendre en photo ailleurs. Des millions d’autres choses. »

Un faux appareil photo, mais un vrai rêve

Jacob a quand même contourné une règle ou deux pour réaliser ses rêves. « Je viens d’une famille allemande ayant des attentes élevées.  Quand j’étais jeune, mes choix de carrière étaient ingénieur, médecin ou comptable. »

Jacob s’est vite rendu compte qu’il n’était pas fait pour la routine d’un poste de bureau.  En mars 2020, il a décidé de participer à une retraite de photographie organisée par Canon dans le but de décider s’il devait poursuivre cette carrière à temps plein.  Jacob avait entendu dire que des employés de Canon seraient présents.  « Je voulais y aller pour rencontrer ces gens », déclare-t-il.  Seulement, cette fois-ci, ce n’était pas l’absence de carte SD ou des pluies torrentielles qui contrecarreraient ses plans.  « J’utilisais un vieil appareil photo d’une marque concurrente. »

Sa vivacité d’esprit lui a permis de créer un subterfuge astucieux. « J’ai dissimulé la marque et le modèle de mon appareil photo en inscrivant Canon EOS R5 sur du ruban de peintre avec un marqueur Sharpie. »


En mars 2020, lorsque Jacob a participé à la retraite, l’appareil photo R5 n’était encore qu’une rumeur sur Internet.  Après avoir pris possession de sa chambre, la première personne qu’il a rencontrée lui a dit : « J’aime votre appareil photo. »  Jacob a répondu à l’étranger que c’était le nouveau prototype de l’appareil photo R5, sans savoir qu’il s’agissait en fait du professionnel principal du marketing de Canon Canada.

Jacob, qui dit avoir failli s’échapper tant ils ont ri, a fini par mentionner au dirigeant « Tout ce que je sais sur la photographie, je l’ai appris avec mon premier appareil photo, le modèle T4 de Canon.  Si ce qu’on dit est vrai, j’ai vraiment hâte de voir ce que réserve le R5. » 

Quelques mois plus tard, lorsque Jacob a reçu un courriel de Canon lui demandant s’il aimerait travailler sur une campagne nationale, la première d’une série, il a répondu « Oui » sans hésiter. En photographie, il existe plusieurs chemins et destinations. Bien que le syndrome de l’imposteur et le manque de ressources puissent donner l’impression que certaines avenues sont vouées à l’échec, parfois, tout ce qu’il faut pour se faire un nom, c’est d’utiliser un peu de ruban et d’afficher beaucoup de confiance.

Kelvin Lin