Derrière l’objectif : Eli Ramraj

Eli Ramraj est un conteur et un cinéaste pétillant qui s’inspire de son vaste éventail d’expériences, du programme Futures de Canon à l’escalade de rocher, pour créer son propre univers cinématographique. Il n’a également pas peur de vous faire sentir un peu mal à l’aise devant l’objectif.

L’art du revirement de situation

Eli Ramraj a peut-être commencé son parcours photographique en utilisant le vieil appareil T5i Canon de son père, mais c’est un lancement de livre qui a marqué le début des origines du cinéaste. « Mon cheminement dans le domaine artistique est passé par un certain nombre de pistes parallèles. »

M. Ramraj s’est grandement fait remarquer au lancement de son troisième livre autoédité. Voir ses livres empilés en pyramide est une expérience à couper le souffle pour quiconque, mais pour M. Ramraj, qui était remarquablement jeune à l’époque, la signification était particulière. « Ça ressemblait tellement à ce que j’imagine qu’est la vie d’un enfant de vedette, quand l’attention est sur vous à un très jeune âge. Et vous êtes forcé d’affronter ces niveaux de publicité et de visibilité. Cette expérience peut être désarmante et peut en quelque sorte vous amener à vous questionner tout le reste de votre vie pour comprendre votre relation avec les gens et le public. »

Ce changement dans la compréhension de son public artistique a mené à une nouvelle perspective. « Vous découvrez que c’est votre compréhension de la personne pour qui vous créez qui est bouleversée. J’en ai fait une obsession; une obsession qui, très rapidement, ne pouvait être contenue ou à laquelle je ne pouvais pas rendre justice par écrit. »

Alors qu’il sentait que l’expression de ses idées par l’écriture était limitée, son amour de la photographie et du cinéma a commencé à grandir. « Tout s’est lentement placé dans son esprit pour faire naître une idée : le support visuel qu’offrent le cinéma et la photographie deviendrait, pour moi, la façon la plus enrichissante d’explorer ce questionnement intense d’identité et de public. »La convergence des intérêts de M. Ramraj est le début de son approche holistique en narration et expression personnelle.

Développer des personnages fascinants

Pour créer les meilleures images, M. Ramraj aborde différentes méthodes selon le rôle qu’il joue. « Quand je réalise des films, je suis très concret avec mes acteurs. Lorsque je suis derrière l’appareil photo pour une séance, j’ai tendance à faire le plus possible preuve de retenue dans mes directives. J’essaie encore de comprendre pourquoi j’ai cet instinct. »

Les mannequins d’expérience ont besoin d’un minimum d’accompagnement pour obtenir les résultats voulus, ce qui est honnêtement la raison pour laquelle c’est un plaisir de travailler avec eux. Ils savent exactement comment utiliser leur corps et les angles qui les avantagent, mais pour M. Ramraj, un peu d’inconfort est bon pour les affaires. « J’aime vraiment travailler avec des personnes qui ne sont pas des mannequins : il y a un merveilleux moment de malaise quand vous ne leur donnez aucune directive et qu’elles cherchent désespérément à se sortir de cette situation malaisante. Il devient très facile de laisser sortir de leur coquille des gens qui espèrent que vous viendrez à leur secours. »

Qu’il s’agisse d’une bonne ou d’une mauvaise blague, d’une chute ou d’un accident, M. Ramraj comprend que ses sujets le supplient de leur donner une raison de se détendre. « Ils sont sur le bord du précipice. »

La préparation de M. Ramraj est menée de façon très intime avec les gens qu’il photographie. Il s’agit plus d’essayer de découvrir qui ils sont que d’utiliser un tableau d’ambiance Pinterest choisi avec soin. « Les gens parlent d’établir un langage visuel basé sur des références artistiques. Je pense que le langage que vous devez apprendre des autres personnes en est un de réconfort. Vous devez les comprendre. Et lorsque vous parlez le même langage en racontant des anecdotes et des histoires, vous savez véritablement comment leur journée s’est passée, puis tous les éléments s’emboîtent. »

Les héros ne portent pas tous des capes

« La collaboration a été un autre arc de mon personnage; l’écriture et la cinématographie commencent de manière solitaire, mais vous entrez peu après dans la zone de collaboration. Si je suis avec les bonnes personnes, je pourrai alors libérer toute ma créativité. »

C’est lors d’une séance de photographies avec les Banks Brothers sur une plage de Victoria en décembre dans le cadre du programme Futures de Canon que cette énergie collaborative a joué un rôle de premier plan.« Notre concept consistait à exclure l’océan et à les prendre en photo sur les rochers pour que l’on ne puisse pas distinguer à quelle altitude le groupe se trouvait. »

La synergie qui voit le jour sur le plateau peut alimenter encore plus la nature contagieuse de la collaboration. « Les membres des Banks Brothers sont des boules d’énergie. Et lorsque vous travaillez avec de telles personnes, l’énergie intérieure ne peut que remonter à la surface. »

Malgré le constat scientifique : parfois, le feu et l’eau font bon ménage. « Les membres du groupe étaient sur les rochers avec leurs guitares, et j’ai décidé que pour obtenir la meilleure photo, ils devraient avoir de l’eau jusqu’aux chevilles. J’ai donc serré les dents et je me suis avancé dans l’eau. Puis, je me suis rendu compte que la photo serait encore meilleure en ayant de l’eau jusqu’aux genoux. Rapidement, ils se mettent à rire, car je suis cet imbécile en jeans et en chaussures de randonnée qui patauge dans l’eau jusqu’à la taille en décembre pour obtenir une photo que vous ne soupçonneriez jamais avoir été prise dans l’océan. »

Tracez votre propre chemin

S’il s’agissait d’un film, c’est la partie où le protagoniste poursuit une quête individuelle de découverte de soi et explore son chemin unique dans la narration.

Après avoir obtenu son diplôme de l’Université de Toronto, M. Ramraj savait qu’il allait trouver des possibilités concrètes. « C’est en participant au programme Futures de Canon que, pour la première fois, j’ai eu une communauté artistique. Pas seulement un groupe de personnes qui analysent l’art, la photographie et le cinéma et élaborent des théories, mais des gens qui voulaient vraiment réussir et mettre un pied devant l’autre. »

Avoir des pairs qui étaient au même endroit a instantanément catapulté la confiance de M. Ramraj. « Un jeu de ping-pong créatif s’installe quand vos pairs sont au même endroit que vous et qui vous pousse hors de votre zone de confort. »

Bien que les programmes de mentorat puissent facilement se tourner vers les expériences passées, les mentors de Canon ont adopté une approche différente. « Chacun des mentors pourrait si facilement vous raconter leur cheminement parcouru, puis c’est à vous, en tant qu’étudiant, d’essayer de retrouver les différentes étapes qu’ils ont suivies et qui pourraient vous convenir. Ce qui a été extraordinaire à propos de Canon, c’est qu’aucune mention de l’histoire personnelle d’un mentor n’a été utilisée de façon stratégique pour mettre l’accent sur les différents parcours. »

Comptant plus d’expérience en cinéma qu’en photographie, M. Ramraj a trouvé la confiance de replonger dans un projet de film grâce à l’assurance acquise dans le cadre du programme de Canon. « J’avais un projet de film intitulé “The Only Bar on King Street” en tête, et le voyage à Banff m’a donné la confiance nécessaire pour vraiment recommencer à m’investir dans le projet. »

Tout comme son expérience en écriture, M. Ramraj a considéré la photographie comme une quête solitaire. Grâce à sa participation au programme de Canon, M. Ramraj a commencé à vivre chaque séance photo comme une collaboration créative et une occasion d’apprendre. « L’échange de récits et de techniques m’intéressait. Mon ami Jesse m’a dit que prendre des photos en noir et blanc à l’aide d’un espace chromatique monochrome sur le viseur aide à mieux saisir la lumière, la texture et la composition et à vraiment mettre l’accent sur cet art. »

La photographie est géniale

Pour ce qui est de l’énergie des personnages principaux en photographie ou dans le cadre de toute autre forme d’art, il est important de se rappeler l’idée des chemins artistiques parallèles. « Je pense que, pour la plupart des photographes que j’ai rencontrés, la photographie n’est pas la seule forme d’art qu’ils pratiquent. Ils sont aussi alpinistes, danseurs, écrivains ou poètes. Il peut être très facile de compartimenter ces facettes de votre identité artistique. »

M. Ramraj trouve utile de simplement ouvrir ses horizons et d’utiliser les compétences d’un de vos autres domaines, même s’il ne s’agit pas d’un champ artistique. « J’ai pratiqué l’escalade au cours de la dernière année. Je viens tout juste de m’intégrer dans cette communauté. Il y a des leçons que vous apprenez en pratiquant l’escalade qui s’appliquent parfaitement à la photographie. La culture d’approche des inconnus est quelque chose que j’ai appris grâce à l’escalade. »

« C’est tellement facile de briser la glace avec les gens. Si vous êtes dans la même salle d’escalade intérieure, vous disposez déjà de 200 façons de lancer une conversation. Vous vous apercevez que ce n’est pas tellement différent dans la vie. Quand vous êtes dans un parc, que vous voyez quelqu’un et que vous pensez que vous pourriez simplement le prendre en photo dans le cadre le plus parfait qui soit si seulement vous aviez le courage de lui demander. »

M. Ramraj recommande de prendre la cordialité, la gentillesse ou la façon dont vous approchez une personne dans la salle d’escalade intérieure et de l’appliquer face à un étranger bien habillé dans le parc. « Vous n’avez pas besoin de faire de la photographie sa propre petite bulle. Les photographes qui réussissent font éclater la bulle, vous savez ce que je veux dire? Alors, faites éclater la bulle. »

Eli Ramraj